
La société OpenAI bascule vers l'érotique et la publicité
Les annonces intégrées et l'intime ravivent la méfiance face à l'adoption atone
Points clés
- •Des contenus érotiques pour adultes vérifiés sont annoncés pour décembre, en contradiction avec des positions antérieures.
- •Des réponses sponsorisées sont testées à l'intérieur des conversations d'IA, signalant une bascule vers la publicité intégrée.
- •Le décalage entre innovation et adoption est confirmé par des dirigeants, tandis qu'Atlassian prévoit d'embaucher davantage d'ingénieurs et qu'Apple lance le M5 pour l'IA locale.
Sur r/artificial aujourd'hui, la façade se fissure: l'éthique proclamée cède la place à une monétisation sans fard, pendant que l'adoption réelle peine à suivre les promesses. Entre pruderie de vitrine et publicité incrustée, la communauté pointe un virage assumé. En toile de fond, un internet saturé de robots et une quête d'authenticité qui se durcit.
Moralité de façade, revenus d'abord
La communauté juxtapose sans ménagement le grand écart d'OpenAI: d'un côté, les déclarations de vertu avec le rappel que Sam Altman se disait fier de ne pas “faire des sexbots”; de l'autre, l'annonce que ChatGPT proposera de l'érotique pour adultes vérifiés dès décembre. Dans le même souffle, des utilisateurs rapportent que des réponses sponsorisées seraient testées à l'intérieur des conversations, ce qui réactive l'alerte d'un internet “mort” décrit par Alexis Ohanian, gangréné par bots et contenus insipides.
"Le piège de l'appât et du remplacement se referme enfin." - u/creaturefeature16 (8 points)
Ce glissement — de l'éthique d'affichage à la maximisation des revenus par l'intime et la publicité embarquée — cristallise la méfiance: une IA qui s'invite dans la vie affective et dans l'acte de recherche, au risque de brouiller désir, conseil et influence commerciale. Sur r/artificial, l'agacement n'est plus marginal: il devient une grille de lecture des prochains mois pour toute plateforme conversationnelle.
Innovation à toute vitesse, adoption au ralenti
Le monde pro siffle un temps mort. Lorsque Marc Benioff admet que l'innovation “dépasse largement” l'adoption, cela résonne avec la ligne d'Atlassian qui prévoit d'embaucher plus d'ingénieurs malgré l'automatisation. En parallèle, Apple pousse le M5 pour muscler l'IA locale, tandis que Dfinity promet des applications de production à partir de simples invites: l'offre accélère, la demande hésite.
"Les clients n'adoptent pas des outils d'IA qu'ils n'ont jamais demandés, car ce sont des solutions en quête de problème et elles n'améliorent pas vraiment la productivité." - u/creaturefeature16 (141 points)
Traduction opérationnelle: l'outil n'est pas la valeur — le flux de travail, la qualité des données, la supervision et la responsabilité le sont. Tant que l'IA peine à se brancher proprement sur la réalité des métiers, le marché restera prudent, même si les puces s'emballent et que la promesse “zéro friction” de la génération d'applis tente de court-circuiter la complexité du terrain.
Industrie en vase clos, humanité en manque de repères
Symptôme d'un écosystème qui recycle ses paris: Tesla écoule ses Cybertrucks auprès de SpaceX et xAI, signe d'un recentrage interne quand la demande manque. En contrechamp, une réflexion partagée rappelle le gouffre persistant entre nos esprits et les systèmes: comprendre la croissance décisionnelle humaine reste plus dur que d'ajouter un accélérateur neuronal.
"La plupart d'internet est devenu un cimetière dès l'instant où nous avons optimisé l'engagement plutôt que la vérité, et nous sommes désormais des zombies à faire défiler les ruines en quête de quelque chose de réel." - u/Prestigious-Text8939 (5 points)
Ce fil rouge — authenticité contre optimisation — traverse autant les produits que les usages: vendre à soi-même, générer sans contexte, répondre avant de comprendre. Si l'IA veut convaincre, elle devra prouver qu'elle sait créer du sens, pas seulement des fonctionnalités; et rendre des comptes, pas seulement des tokens.
Questionner les consensus, c'est faire du journalisme. - Sylvain Carrie